Eclats de vies

De 2014 à 2016, je réalise une série de fresques photographiques en collaboration avec Adoma, bailleur social.

Je raconte la vie dans un foyer social de Beausoleil et fais le portrait de chibanis, ces immigrés vieillissants venus du Maghreb, soutien économique de leurs familles restées au pays, des laissés-pour-compte aux vies éclatées.

Entourés de cactus, d’arbres évocateurs, de collines sèches inondées de verdure, ils promènent leur solitude au-dessus de Monaco, ses yachts, ses casinos et belles voitures. Deux mondes.

Je ne vois plus de vieux messieurs fatigués et malades mais plutôt des héros. Petit à petit j’entends mieux leurs silences, j’aime leurs sourires et je m’incline devant la puissance de leur tristesse.

Durant toute une vie de labeur en France, pour faire vivre leurs familles au Maghreb, ils ont été ceux que l’on appelle avec tendresse les « papas K7 », ceux qui enregistrent leurs voix sur bande magnétique pour leurs enfants, sans les voir grandir. A la retraite, déracinés, piégés par le système, beaucoup ne rentrent pas.

Reste alors une question en suspens : à quoi bon ? Quel est le bien-fondé de ces flux économiques ?

Je mets en lumière des vies d’errance sociale, faite de repères fragiles, de tumultes silencieux et de solitude. Je dévoile toutes ces vies fragmentées, tel une épopée collective, se déroulant aux marges de notre société.

Ces fresques photographiques ont donné lieu à une exposition grand format à La Philharmonie de Paris en septembre 2016.

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